Colloque, Rencontres, Master class

La peinture (ou les arts plastiques de manière générale) est sans doute l’art qui a le plus accompagné, enrichi, voire influencé les autres arts, principalement les arts dits de la « représentation ».

En poésie, Paul Verlaine ne s’est-il pas inspiré des tableaux de Wateau pour composer son recueil « Les fêtes galantes » ? La peinture a été, aussi, source d’inspiration pour le roman (film Le Portrait de Dorian Gray d’Albert Lewin, 1945) et pour le théâtre (principalement le théâtre classique). Ce n’est donc pas étonnant que la peinture prête une aide précieuse au cinéma dont le principal constituant est l’image. Depuis l’impressionnisme d’un Auguste Renoir, d’un Claude Monet ou d’un Edouard Manet, la peinture est devenue source d’inspiration et de visions pour le cinéma à travers tout un système de registres picturaux qui se retrouvent, ainsi, introduit au sein du filmique selon une sorte de « mise-en-film de la peinture » (1). Ces registres vont de la composition des plans au choix des couleurs jusqu’au rythme des séquences. Cela prouve, s’il en est nécessaire, que les entrelacs entre la peinture et le cinéma sont innombrables et complexes où les deux arts se nourrissent mutuellement.

De son côté, le cinéma, synthèse de tous les arts, est toujours resté perméable aux mouvements artistiques, littéraires et philosophiques qui l’ont précédé ou qui lui sont contemporains. A ce sujet, le décloisonnement entre art plastique et cinéma a permis, et permet toujours, des « va et vient » entre les deux arts. La lumière, le cadrage et le mouvement restent les principaux éléments que le cinéma emprunte subtilement à la peinture. Le récit est également une composante essentielle de l’image filmique et de l’image picturale. Bien que la narration en peinture pourrait sembler impossible du fait que l’image picturale est foncièrement immobile, un tableau peut belle et bien raconter une histoire : Pompei, Le sacrifice d’Iphigénie de  Timanthe de Cythnos; Retable de st Jean-Baptiste de Giovanni del Biondo ; Cène, Milan, S. Maria delle Grazie de Léonard de Vinci; Les Licteurs ramenant ses fils à Brutus.de Jacques-Louis David.

Plusieurs cinéastes composent parfois le plan comme tableau de peinture puisant dans les arts plastiques toutes les subtilités de l’image picturale de l’impressionnisme à l’expressionisme e, passant par le cubisme et le surréalisme innovant aux niveaux technique et esthétique.

On trouve, au cinéma, une présence de la peinture sous diverses formes et utilisations soit comme sujets de films, soit comme éléments de décor (des tableaux accrochés aux murs), soit, également, comme technique, voire comme composante essentielle de la dramaturgie. Il existe même des cinéaste-peintre comme Friz Lang, John Huston, Peter Greenaway, Akira Kurosawa, Julian Schnabel ou Derek Jarman qui composent l’image filmique comme il composent leurs toiles créant une synergie entre le filmique et le pictural .

Le cinéma, de son côté, a été, et l’est toujours, un art dans lequel des peintres ont puisé des techniques comme le hors champs (ou Hors cadre) par exemple, (Soleil du matin, tableau d’Edward Hopper 1952 ; Ce problème qui nous concerne tous – Norman Rockwell – 1964 ; La diseuse de bonne aventure de Georges de La Tour ; L’appel des cimes- René Magritte 1942, etc). Des cinéastes et des peintres, comme Salvador Dali et Luis Bunuel, ont collaboré ensemble dans des œuvres comme Le chien andalous et  L’âge d’or.

Des dizaines de films ont puisé dans les arts plastiques pour construire leurs intrigues ou raconté la vie des peintres : Moulin Rouge, de John Huston (1952), Les amants de Montparnasse 19, de Jacques Becker (1958), Andreï Rubliev, de Andrei Tarkovsky (1966), Altamira de Hugh Hudson 2016 ; The danish girl de Tom Hooper 2016, et bien d’autres.
Les intervenants au colloque « Cinéma et peinture » auront la tâche, ardue, de répondre aux problématiques inhérentes aux rapports qu’entretiennent les deux arts dont la composante essentielle est l’image, mobile pour le film, immobile pour la toile.

• Pourquoi cette thématique continue à susciter des débats et à faire l’objet de plusieurs études ?
• Jusqu’à quelle mesure le cinéma pourrait-il être considéré comme l’art-synthèse de tous les arts ?
• Y-a-il confrontation entre le cinéma et les arts plastiques ou plutôt complicité et porosité ?
• A quels niveaux apparaissent  les apports mutuels entre les deux arts?
• Comment s’effectue le passage entre peinture et le cinéma  et vice-versa ?

Il y a maintenant presque deux ans que la pandémie du Covid-19 fait ravage parmi la population mondiale sans que les grandes puissances réussissent à la vaincre. Cette crise sanitaire, sans précédent dans l’histoire de l’humanité, a eu des conséquences dramatiques sur tous les secteurs, sans exception. Or du cinéma et la culture en général semblent être, plus que les autres, les Boucs émissaires de cette crise.

En effet, depuis mars 2020, le secteur cinématographique est frappé de plein fouet par les décrets stipulant fermeture des salles et suspension ou report sine die des manifestations cinématographiques. Désemparés, les différents professionnels, principalement les organisateurs des festivals, se sont trouvés contraints de faire des choix, souvent douloureux, risquant de mettre en péril l’avenir de leurs manifestations. Face à ces perspectives sombre et las d’attendre des éclaircies qui n’arrivent pas, ils décident de réagir rapidement pour sauver le secteur du cinéma et pour préserver le lien avec leur public.

Cependant, plusieurs questions brûlantes taraudent leurs esprits : Comment pourrait-on re fidéliser un public qui s’est habitué, pendant le confinement, à voir les films en streaming ? Est-ce que les partenaires et sponsors de leurs manifestations sont-ils toujours disponibles à leur accorder les subventions habituelles au moment où la plupart des secteurs (publics et privés) souffrent de déficits financiers étouffants ? Pourquoi ce sont les salles de cinéma qui font partie des lieux qui ont été fermés le plus longtemps ? Ces inquiétudes deviennent encore plus stressantes pour les organisateurs quand ils ignorent de quoi demain sera fait «Je ne pense pas qu’on va revenir au statu quo ante. Pas dans les deux à cinq ans qui viennent»(1), s’inquiète Jean-Michel Tobelem, spécialiste de la gestion de la culture à la Sorbonne.

C’est dans ces perspectives sombres que les organisateurs des festivals nationaux, inquiets des conséquences désastreuses que pourraient avoir les annulations sur l’avenir de leurs manifestations, ont tenté, chacun de son côté, de s’adapter à cette situation de crise et de trouver des solutions qui s’imposent. Ainsi, au lieu de renoncer à leurs projets, ils décident de tirer profit des opportunités qu’offre le monde du virtuel.

Dans ces conjonctures, et dans l’attente d’un prompt retour à un festival en présentiel (2022), Le festival de cinéma méditerranéen de Tétouan, conscient des défis qui l’attendent, décide d’innover en organisant sa 26ème édition en mode digital du 4 au 10 juin. Le Festival proposera à son public un accès direct aux films programmés pour l’édition 2021. Ces films seront disponibles sur la plateforme FESTIVAL SCOPE.

(1) Le Monde, dimanche 10, lundi 11 mai 2020